vendredi 4 octobre 2013

Les faux : Natalie Dessay, son au revoir, enfin ! Mais pas encore...

Voir aussi : 

Lily Pons VS Natalie Dessay : l'air des clochettes, Lakme



Article FIGARO ici 

Un fromage, un flan... comme vous voulez ! Natalie Dessay expose ses vues futures que vont sûrement trouver charmantes son public facile. 
Natalie a séduit un public peu exigeant à coup de vocalises extraordinaires et de ses extraordinaires talents de comédienne clowneries. Pour la voix, les gens n'ont pas dû beaucoup écouter Lily Pons, pour le reste, c'est snoberie, Dessay est à la comédie ce que le Koendelietzsche est à l'art.



L'élégance à la française...


Donc pour résumer:

-Natalie Dessay a fait parler d'elle par vocalises et audace, pauvre public français que nous sommes, ça a plu. 

- Des opinions tonnerre (ai lu dans une interview où réagissant au mauvais accueil d'une de ses performances "le public devrait se retirer le bâton qu'il a dans le derrière", ce n'est pas vraiment notre vision des choses, le public étant tout l'intérêt de l'opéra, tant que le public est de qualité, on est dans l'exigence du public, de plus, l'opéra est un lieu où l'on vient rêver et écouter l'excellence, pas se faire imposer et éduquer par des professionnels au gros melon s'auto-proclamant avant-gardistes.).

- Natalie Dessay fait croire par son existence qu'une carrière à l'opéra dure 10 ans (sisi j'ai entendu des directeurs artistiques le dire, après 10 ans, on est foutu). Dessay s'est flingué la voix à faire n'importe quoi techniquement pour la thune disons-le, se justifiant agressivement de ses polipes (un polipe c'est une voix maltraitée. 2011 Flop de la Travatia post- trachéite. Certains admirateurs en disent "c'est pas grave c'est 10 ans qui valaient le coup"... Super. Pensons aux grandes chanteuses du temps où le chant lyrique était loin d'être une farce, Christa Ludwig par exemple qui a 44 ans de carrière, ou encore Berganza que j'ai entendu chanter il y 3 ans, à l'âge de 77 , avec une voix intacte. Les gens qui s'intéressent à ces personnes, reviennent vite des phénomènes de foire.

- Comparée à Callas, sur le plateau de Fogiel... So glorious !

- Apprécier les gens qui vous flattent, oublier ceux qui vous montrent vos défauts, cela ne sert pas la musique, mais simplement soi-même. Difficile de se remettre en question quand des milliers de zozos vous acclament pour les pirouettes que vous faites. Mieux vaut 1 critique dure et fondée, que 1000 flatteries. 


Interview de Natalie Dessay chez Fogiel
Bref, Dessay c'est fini, en 10 ans, elle sera passée de grande colorature à des rôles sans aigus (ce qui en général prend 40 ans chez d'autres). Elle ne peut plus chanter, si, des chansonnettes. (Je l'avais entendu dire il y a 3 ans qu'elle irait faire le clown - au sens propre- et faire du yoga, elle aurait dû s'en tenir là)

En revanche, elle ne peut pas supporter de ne plus monter sur scène, donc imposant son nom à l'Olympia (content d'attirer des curieux bien payants), Dessay va tenter les chansonnettes de son album "post flop" à sortir le 21 octobre, "Elle & lui"   


"Elle y reprend avec une tendresse infinie une vingtaine de ses chansons. Un défi: «Comme un peintre habitué aux grands formats à qui l'on demande une miniature, j'ai dû apprendre à ne pas chanter avec ma voix d'opéra.» "


"Regardez je suis toujours là" ? "J'ai besoin d'argent"? "Je n'assume pas m'être flinguée la voix aussi rapidement"? "Après avoir traînée sur la scène comme une serpillère en faisant les gros yeux dans les mises en scène les plus laides sur monde je veux montrer ma vraie féminité"? "Pitié oubliez Manon"? "J'aime tant la musique je veux l'explorer sous toutes ses coutures" ?

Allez au revoir, bon vent, heureusement que ça n'a duré 10 ans, bien que ça a été suffisant pour que le néophyte associe Dessay au chant lyrique, à l'opéra, et en espérant que quelqu'un revienne bien vite redorer le blason français avec une grande voix, qui dure, de l'avant-garde sans provocation pathétique, de la comédie non surfaite, et pourquoi pas un peu d'âme et d'élégance?


Allez quelques belles coloraturas de toutes les époques pour se nettoyer les oreilles et les yeux surtout :


lundi 23 septembre 2013

Elina Garanca "Secunda Donna on Rollerskates"

Voici un documentaire lettonien sur Elina Garanca, (en VO sous titré anglais).
Brut, sans complaisance, loin des paillettes, il intéressera les chanteurs ainsi que les passionnés d'opéra.

Elina Garanca est certainement une des meilleures mezzo-soprano du moment et une des rares à la technique respectable de nos jours. Ce documentaire date de 2001, à son début de carrière. Elina avait 25 ans.



mercredi 29 mai 2013

Michael Spyres, le ténor qui remet les pendules à l'heure

Bonjour à tous,

Nous vous invitons à découvrir, si vous ne le connaissez pas déjà, Michael Spyres, sans doute le meilleur ténor actuel. Quelle claque ! Cela faisait si longtemps qu'on avait pas entendu une excellence aussi proche de celle de Pavarotti !

Une technique absolument parfaite, doublée d'une interprétation fine et sensible... Quelle grandeur !

Cela fera un très bon point de comparaison avec les mauvais ténors, pour entendre très facilement les différences et lacunes... Dans un prochain article, promis !  Bonne écoute !

Salué par le magazine français Opéra comme «l'un des meilleurs ténors d'aujourd'hui» et décrit par le New York Times comme chanteur avec une "voix brillante, pénétrante et une fabuleuse technique", Michael Spyres s'est imposé comme l'un des interprètes les plus distingués et acclamés, surtout dans le bel canto et le répertoire français.







vendredi 19 avril 2013

Le navet de la sensualité sur scène ou le sexe dans le caniveau

Comment rendre l'Incoronazione di Poppeo de Monterverdi moins chiante à un public de bétail?

C'est la question qu'a dû se poser le metteur en scène (dont je ne retrouve pas le nom), et comme beaucoup qui ont voulu être fier d'être audacieux, il a décidé de coller les tourtereaux, en petite tenue, se tripotant, le feu au slip, parce que pour lui, l'amour, le désir, le sexe, ce n'est sans doute "que" ça.



C'est comme les séries historiques actuelles qui ont conquis tant de public en collant du sein et de la fesse toutes les 12 minutes (sinon, le nombre de visionnage baisse).

"Il faudrait que le public s'enlève le balai qu'il a dans le ***" avait dit Nathalie Dessay dans une interview... Je ne vois pas le rapport, on peut être tout sauf coincé et ne pas accepter de voir l'opéra se faire salir par des esprits vulgaires.

Du sexe sur scène pourquoi pas? Mais à la hauteur de la grandeur de l'opéra dans ce cas.
Le but de l'opéra étant d'élever une âme avec la musique et non pas de ramener sur scène les "glauquitudes" de la vie banale.

Le magnifique Pur ti miro... Le metteur en scène n'a pas pu s'empêcher... Il doit jubiler de faire s'embrasser deux femmes sur scène, il en rajoute constamment, cela doit représenter pour lui le summum de la modernité, de la sensualité, et un brin provoc... OK il y a 30 ans...



Bref, quelle tristesse. Parce que tomber dans une banalité pareille pour exprimer un amour et une beauté sans nom, c'est vraiment se rabaisser. Donner du grain aux poules.

Il faut sublimer la musique, les sentiments qui s'en dégagent, et pour cela, un minimum de retrait est souvent nécessaire.

Trouver des vrais artistes exceptionnels qui vous font vibrer de sensualité sans avoir besoin de se montrer? C'est devenu trop dur d'en trouver?

Je vous propose Jon Vickers et Gwyneth Jones, un très mauvais enregistrement de la première à Paris en 1978.... Je vais tout faire pour cependant.

Bonne écoute !


mardi 16 avril 2013

Fiorenza Cossotto - Amneris - MET 1968(?)

Voici une performance légendaire, un vrai tapage au MET, en 1974 ou 1968 (les sources diffèrent, si l'un de vous connaît la date exacte, l'information est la bienvenue).

Fiorenza Cossotto, une de nos mezzos préférées, endosse le rôle d'Amneris et enflamme la scène du jugement de Radamès...

Cet enregistrement nous permet de voir un jeu dramatique incroyable, d'un réalisme à couper le souffle. Chose qui aide énormément la voix à se libérer entièrement et à tout donner.


jeudi 11 avril 2013

Carmen n'est pas une pute !

Mérimée s'en retourne dans sa tombe.

Connaissez-vous la consternation proche de la rage d'un amoureux de la beauté de l'opéra, de la littérature et de la vraie voix quand il tombe sur un navet rabaissant l'oeuvre sous terre?

C'était mon cas en visionnant "Carmen" de Bizet, sur Mezzo la semaine dernière :



Carmen, opéra-comique en quatre actes de Georges Bizet.
Livret d'Henri Meilhac et Ludovic Halévy d'après la nouvelle de Propser Mérimée
Orchestre Révolutionnaire et Romantique, John Eliot Gardiner (direction), The Monteverdi Choir
Adrian Noble (mise en scène)
Anna Caterina Antonacci (Carmen), Andrew Richards (Don José), Anne-Catherine Gillet (Micaëla), Nicolas Cavallier (Escamillo), Françis Dudziak (Le Dancaïre), Vincent Ordonneau (Le Remendado), Matthew Brook (Zuniga), Riccardo Novaro (Moralès), , Virginie Pochon (Frasquita), , Simon Davies (Lillas Pastia)
Réalisé par François Roussillon (3h00)
Enregistré à l'Opéra Comique de Paris (2009)
Carmen comment vous ne l'avez jamais entendu : John Eliot Gardiner donne un éclat nouveau à la partition de Bizet. Enregistré à l'Opéra-Comique de Paris, cette production se distingue aussi par la présence dans le rôle-titre d'Anna Caterina Antonacci, au timbre d'une rare sensualité.



(Biensûr, je ne vais même pas parler de l'horreur honteuse de la saison dernière à Bastille, avec une mèmère en Monroe...)

Le décor était joli mais la lumière un peu pesante. Toujours cette ambiance fond noir et lumière chaude qu'ils se sentent obligés de mettre... C'est si basique... N'ont-ils pas vu le Carmen frais de Karajan avec Grace Bumbry...  ?

Et quand j'ai vu Carmen, j'ai immédiatement vu l'énorme erreur de casting. Anna Caterina Antonacci n'a pas du tout l'attitude. Chacun de ces gestes forcés me fait retourner dans le temps, au cours de théâtre de mon collège. Mlle Antonacci a de toute évidence été guidée par un metteur en scène dont la vision de la coquinerie féminine est aussi triste qu'une saucisse vide. "Allez aguiches mieux que ça !!"

Le comble... Carmen a de l'humour dans cette version... Elle s'agenouille au niveau du sexe du soldat en faisant la coquine... C'est d'un mauvais goût... La mutinerie serait donc incompatible avec l'élégance... Vous pensez Messieurs? Ahh des millions d'années d'évolution pour ça.

Bon sang, Carmen est une jeune fille de 15 ans qui se veut libre, refuse d'être enchaînée, et change d'amoureux dès qu'il se fait trop pesant.  = une pute? Sans doute, pour ce genre de metteurs en scène d'aujourd'hui... Des hommes avec une si haute connaissance de la féminité? Merci pour la sublimation, bonjour le cliché. Ressortons-nous de la salle en ayant découvert une nouvelle sorte de personnage comme le souhaitait Mérimée, ou avec un cliché de plus de la saloperie féminine?

Ici Anna Caterina Antonacci en fait des tonnes et on voit bien que ça n'a rien de naturel, qu'elle n'a pas la séduction animale dans les veines. La voix ne suit pas non plus... Trop lourde, peu fluide, saccadée et sans aucune sensualité. Mlle Antonacci est faite pour des rôles plus lourds et plus graves.
Chaque scène m'a semblé une farce. Chaque début d'air, qu'on ne peut s'empêcher d'attendre impatiemment, une déception. La sensualité forcée est vraiment la dernière chose qui ferait une Carmen.

De plus les grimaces pour sortir les sons... ça n'aide pas vraiment à faire couler du miel. Le décolleté ne compense pas.

L'opéra est chanté en français... et sous-titré français.. qu'est-ce-que cela veut dire? Qu'on est tolérant quand on ne comprend rien de ce que dit le chanteur? C'est insultant pour les chanteurs qui ont fait un travail de diction parfaite, et humiliant pour ceux qui baragouinent.

Bref....



jeudi 14 mars 2013

Interview : 5 questions à Pretty Yende

Suite à notre article découverte de Pretty Yende, voici une courte interview qui intéressera ceux qui veulent en savoir plus sur comment les chanteurs qui ont réussi ont percé... Même si on ne saura jamais tout :)

Il se dégage des choses qu'on retrouve souvent : détermination, force morale, attitude positive face à l'échec, confiance en soi, authenticité. Je pense cependant qu'une grosse dose de chance est nécéssaire pour se faire une place en restant soi-même, il faut tomber sur les bonnes personnes.

***


Après avoir remporté haut la main le Concours Bellini ainsi que le Concours Opéralia de Placido Domingo, Pretty Yende a été nommée « artiste en résidence » à la Scala de Milan où elle fera le 30 juin ses débuts dans un premier grand rôle : Norina de Don Pasquale. Cinq questions à une personnalité résolument fulgurante.

Comment est née votre vocation ?
Je me souviens d'une soirée chez moi, en Afrique du Sud, mes parents et moi regardions la télévision et apparait une publicité pour une compagnie aérienne dans laquelle on entend un duo de Lakmé. J'étais fascinée. C'était la première fois que j'entendais ce genre de musique. J'avais 16 ans. Le lendemain, au lycée, j'en ai parlé à mon professeur de musique qui m'a expliqué qu'il s'agissait d'un opéra. « C’est ce que je veux faire » ai-je répondu. J'avais ressenti quelque chose de tellement puissant, un tel sentiment d'apaisement total, une telle joie... Il fallait que je la communique à d'autres. Ce professeur m'a prévenu que l'art lyrique était une discipline difficile, qui demandait beaucoup de travail et énormément de talent. Face à mon obstination, il m'a proposé de rejoindre la chorale de l’école. Après quelques semaines, il est venu vers moi et m'a dit « Je suis désolé Pretty, mais tu n'es pas chanteuse, tu n'as pas la voix qu'il faut. ». J'ai donc arrêté la chorale, sans abandonner pour autant l'idée d’être chanteuse. J'étais très têtue. Peu après, j’ai appris que notre école allait bénéficier de cours d'opéra, et que pour y entrer, il fallait chanter ce fameux duo de Lakmé. À mes yeux, il ne pouvait s’agir d’une coïncidence. Ce professeur a bien voulu m'aider à préparer le concours. Le jour J, j'étais tellement nerveuse que je tremblais comme une feuille, au point que la fermeture ma robe s'était déchirée. Je me souviens être entrée sur scène pleine d'épingles ! Finalement, je suis arrivée deuxième. Et depuis, le chant ne m'a pas quittée.

Vous avez-vous décidé de faire du bel canto romantique votre spécialité...
Pendant mes études en Afrique du Sud, nous étudiions des extraits d'opéras. Et lorsque j'ai entendu pour la première fois Lucia di Lammermoor, I Puritani et La Sonnambula, je me suis penchée sur ce type d'opéras. Le premier air que j'ai chanté interprété alors était « Qui la Voce sua soave » (I Puritani), et j'ai senti que mon chant était naturel. Je n'avais pas l'impression d'essayer ; c'était facile. Mais je me suis dit que ce répertoire n'était pas pour moi qui suis soprano lyrique, mais plutôt pour des voix de soprano léger ou colorature, qui sont naturellement plus agiles. Et je me suis remise à travailler mon Puccini. Lorsque je suis arrivée à l'Accademia de la Scala, Mirella Freni m'a dit : « Tu sais, c'est très bien que tu chantes ces grands rôles lyriques, mais tu as 25 ans, essaye-toi au bel canto, on ne sait jamais. Dans cette école, on peut t'apprendre. Avec une voix complexe comme la tienne, qui a une couleur particulière mais aussi une agilité remarquable, il faut que tu essayes ». Je suis donc revenue à mon intuition première, j'ai chanté Adina, Norina et je me suis sentie parfaitement à l'aise.

Vous avez participé à de nombreuses compétitions (Leyla Gencer, Montserrat Caballé, Hans Gabor Belvedere...), n'est-ce pas trop stressant ?
Je refuse de paniquer. On ne peut pas se laisser aller à la panique, parce qu'on risque de s'y perdre. Ce qui doit arriver arrivera, il faut accepter de ne pas avoir de pouvoir sur tout. Après mes études au Cap, je voulais savoir si mon travail, qui commençait à porter ses fruits en Afrique du Sud, était à la hauteur du niveau européen. Et les compétitions me permettaient de me présenter au monde de l'opéra et de n'avoir qu'un ticket à payer. C'est mon côté femme d'affaires ! Je présentais mon travail, « Je suis comme ça, qu'en pensez-vous ? », et aborder la chose sous cet angle m'ôtait toute pression puisque je n'envisageais pas le concours sous l'angle de la compétition. Par bonheur je n'ai pas arrêté de gagner ! Ensuite j'ai prêté davantage attention au jury de chaque concours. C'est ainsi que j'ai pu rencontrer Montserrat Caballé, Placido Domingo. Ils avaient une longue et brillante carrière derrière eux. J'ai réalisé que j'avais là l'opportunité de me rapprocher d'eux et de m'en inspirer.



Comment s'est passée cette rencontre avec Placido Domingo ? 
C'est un homme incroyable et un musicien exceptionnel. Il a apporté un grand soutien à tous les chanteurs qui se présentaient au concours Operalia. Plus généralement, tous les artistes que j'ai eu la chance de rencontrer jusqu'à présent m'ont donné d'excellents conseils. je me souviens que Montserrat Caballé m'avait dit « Pretty, n'autorise personne - pas même toi - à te pousser à chanter des rôles que tu ne seras capable de chanter que plus tard ». On ne réalise pas toujours à quel point il est primordial d'être capable de bien choisir son répertoire en fonction de ses capacités à un moment donné. On a toujours tendance à nous proposer des grands rôles sous prétexte que notre voix convient. Mais il faut savoir dire non, parce que personne d'autre que nous ne peut nous dire si nous sommes en mesure de le faire, vocalement et techniquement.



N'avez-vous jamais rencontré d'échec ? 
Si, bien sûr ! Enfin, tout dépend de ce qu'on entend par « échec ». J'ai grandi avec l'idée que dans la vie, on n'obtient pas toujours ce que l'on veut ou ce que l'on pense vouloir. Dans la vie on obtient toujours ce que l'on doit avoir au moment où on est censé l'avoir. Lorsque je passais des auditions et que plusieurs jours après je n'avais toujours pas de réponse, j'étais bien sûr blessée, je me demandais ce que j'avais mal fait, je me disais que j'étais meilleure que les autres candidats... Comme n'importe quel être humain ! Et puis avec le temps, je me suis rendu compte que je n'avais pas besoin de telle ou telle audition, mais que le chemin que j'avais suivi me convenait exactement. 


Propos recueillis par Elise Haddad en 2012
http://www.forumopera.com/

mercredi 13 mars 2013

Pretty Yende ; une étoile montante qui remet les valeurs du chant en place

Je viens de découvrir une perle. Mais une perle d'une pureté !

Des amis me parlent d'une étoile montante, exceptionnelle etc... Comme souvent je suis sceptique...

Mais là, je dois dire que l'étoile en question m'a coupé le sifflet.

Je vois d'abord une jeune femme simple, élégante, d'une beauté naturelle, s'avancer avec une timidité dans les yeux...  Puis la professionnelle prend le dessus, elle ouvre la bouche et.... Une splendeur.

Une splendeur qui vous fait comprendre à quel point les Fleming, Dessay et autre pseudo-stars ne sont que du flan, du bricolage. Ici nous avons le vrai chant d'opéra, la technique, la finesse, la puissance, la beauté, l'homogénéité. Bref, un exemple typique qui une fois qu'on l'a écouté, nous permet de comprendre le fossé problématique entre le Grand Chant et le faux spectacle.

Savourez, et n'oubliez pas son nom, elle fera des étincelles.

Pretty Yende, née en 1985, originaire de Mpumalanga en Afrique du Sud. Diplômée du South African College of Music et de l'Accademia Teatro alla Scala à Milan. Elle gagne le 1er prix au concours Vincenzo Bellini International en 2012, et en 2011 le 1er prix d'Operalia, The World Opera Competition. En 2012 elle chante le rôle de Musetta dans La Bohème de Puccini à la Scala de Milan. Elle fait ses débuts au MET de NY début 2013 dans le rôle d'Adèle dans le Comte D'ory de Rossini, auprès d'un des meilleurs ténors du moment, Juan Diego Florez.

lundi 21 janvier 2013

The King Arthur à l'Opéra Royal de Versailles, mise en scène par Shirley & Dino, dirigé par Hervé Niquet

J'avais réservé depuis des lustres King Arthur, à l'Opéra Royal de Versailles, mis en scène par Shirley & Dino. C'était ce week-end.
L'ami qui m'accompagnait, néophyte, pensait se rendre à un baroque à la mise en scène bien pénible où il fallait absolument faire un travail psychique pour savourer les notes divines sans se plomber. Moi, j'étais un peu sceptique et curieuse, sans à priori. J'ai déjà vu aux Etats-Unis des mises en scène fabuleuses créées par des gens qui venaient de tout autre horizons, et je trouve cela absolument beau car cela prouve que l'Opéra n'est pas l'affaire d'un mince cercle fermé.

Donc, pour la présentation, Ce King Arthur est donc mis en scène par Shirley et Dino, sur proposition de Hervé Niquet (direction musicale, choeur et orchestre du Concert Spirituel)

J'avais vu quelques images à l'avance, j'avais peur d'un modernisme triste et plat. Et je n'ai pas été servie, heureusement.

Je ne connaissais pas plus que ça Shirley et Dino à vrai dire. D'ailleurs je ne m'attendais pas à ce qu'ils participent à cet opéra-spectacle. Dino/Gilles, on le voit beaucoup. En duo de choc avec Hervé Niquet, ils ponctuent à eux deux l'opéra pendant les changements de décors, entre les actes.

Car il faut savoir que King Arthur est à la base un semi-opéra qui dure 5 heures, dont à peine 2 heures de chant. Ici on n'a gardé que les 2 heures de chants, on passe donc directement d'un tableau à l'autre, sans vraiment de ligne dans l'histoire. Et c'est pour cette raison que les interventions de scène des deux compères sont les bienvenues et ne semblent pas déplacées.

Ma critique va se fonder (et cela va pourtant la rendre complète) sur la réaction d'un Monsieur qui pendant une interlude de Dino et Hervé a hurlé d'une voix d'huissier "On se casse", avant de claquer la porte. Cela m'a fait terriblement mal au coeur. Pourquoi?

- Déjà, parce que c'est absolument irrespectueux. A l'Opéra, on paye sa place, on sait ce qu'on va voir et si on n'est pas content, on peut huer à la fin, siffler, c'est légitime que le public donne son avis. Mais partir pendant, se faire remarquer, déconcentrer les artistes... c'est absolument nombriliste, médiocre et discourtois.

- Oui, je n'ai jamais vu ça à l'Opéra, le chef d'orchestre qui monte sur scène pour s'adresser au public, exprimer son humour, faire rire... je n'y vois aucune pitrerie mais bien une volonté de se rapprocher d'un public, d'effacer la froideur habituelle, et même de nous éduquer ! C'est réussi et la majorité a vraiment apprécié ce partage. Les instrumentistes ont joué le jeu des gags, ils ont affirmé leur présence, on a vu leur visage, on les a vu rire avec nous, quelle chaleur !


- Des détails, des gags, de l'humour se sont infiltrés même pendant les actes... Est-ce que cela a dénaturé la musique? Est-ce que cela tourne en dérision l'oeuvre de Monsieur Purcell? Est-ce que cela a effacé le talent immense des artistes? Et bien pas du tout ! La musique du Concert Spirituel était magique, le choeur éblouissant, et les solistes étaient vraiment d'un superbe niveau. Les décors étaient franchement beaux, et superbement éclairés, on y était avec le Roi Arthur, sans soucis.

- Il s'agissait simplement d'un Roi Arhur différent. Nous ne sommes pas dans le solennel ici, mais dans une interprétation (quel intérêt sinon d'inviter des metteurs en scène venus d'ailleurs) proche de l'univers Monty Python, qui est cultissime, cela a du sens. João Fernandez dans ce rôle est éblouissant de talent. Son visage joue à chaque seconde, il bouge, il court, il roule, il danse, sans jamais altérer sa voix qui reste parfaite du début à la fin. Chapeau, un vrai exercice de style. Le rôle lui va comme un gant. C'est d'ailleurs ce que j'ai pensé de chaque soliste, et c'est chose rare. Ana Maria Labin et Chantal Santon-Jeffery, dans le rôle des courtisanes étaient à tomber. En plus d'être belles et d'avoir la voix superbe et précise tout en finesse, elles sont joué la comédie à la perfection. Rarement vu un crêpage de chignon aussi crédible et joli sur scène !




- Le choeur pour une fois a été très bien mis en valeur, on repère chaque chanteur, sa participation, son jeu, car le choeur ne s'est pas reposé sur ses lauriers... chorégraphie, comédie, patins à glace, le tout dans la perfection de l'ensemble vocal, c'est une performance. On les a tous remarqué, ils n'étaient pas dans l'ombre ou en position secondaire, mais représentait bien une des unités principales de la scène.

- On sent que le trio Shirley/Dino/Niquet a souhaité donné sa vraie place à chacun, et y rendre hommage, instrumentistes, machinistes, choristes, et même public, et de cela s'est dégagé un immense amour qui en touché plus d'un, car le spectacle est un succès.



Si je devais parler d'une chose qui m'a déçue, oui il y en a une : j'attendais comme beaucoup de monde l'aria "What power art thou who from below" , et j'ai été assez déçue par le tempo choisi. Cet air est tellement puissant, beau et inhabituel, et mérite qu'on prenne le temps, là on est passé à côté. (exemple, de tempo hein ;) la version d'Andreas Scholl, que j'aurais préféré par une basse... Cependant l'instru est superbe)

Mon ami a passé un très bon moment d'opéra, il a découvert la musique du Roi Arthur sans en perdre une goutte, il en a pris plein les yeux avec le décor, les costumes, les coiffures, les mouvements, et, cerise sur le gâteau, a bien ri. Et, plaire au connaisseur comme au néophyte, c'est ça le succès.
Car les gens qui se "cassent" en plein milieu, incapables de ressentir cet amour exceptionnel de la musique et des gens qui englobe ce spectacle sans jamais nuire à la qualité vocale et musicale, n'ont qu'à se passer des CDs à la maison en se paluchant sur les harmonies. Car cet opéra n'a absolument rien qui discrédite la Musique, l'Opéra et le Compositeur.

Moi je dis un grand merci, car j'ai été ravie qu'un chef d'orchestre s'adresse à nous de cette manière, ravie d'avoir un nouveau regard sur ces gens qu'on regarde si peu habituellement, ravie d'avoir écouter une aussi jolie interprétation du King Arthur, ravie d'avoir vu des chanteurs dotés d'un réel don de comédie, ravie de voir que des artistes venus d'un autre domaine sont bel et bien capable de d'apporter leur graine à l'opéra.

MERCI à TOUS pour cette belle soirée.

Pour ceux qui n'ont eu la possibilité de le voir, je pense que le DVD vaut le coup, franchement n'hésitez pas, malgré ce que je vous ai dit, vous n'êtes pas au bout de vos surprises :




vendredi 18 janvier 2013

Sgombra è la sacra selva de Bellini

Aujourd'hui, j'aimerais partager et écouter avec vous un récitatif extrait de Norma (opéra de Bellini) :


"sgombra è la sacra selva"

Il ne se fait pas forcément remarquer dans l'oeuvre au premier abord, pourtant c'est un morceau très riche en beauté, en expression vocale comme orchestrale.

Adalgisa est dans les bois, seule, elle a peur car elle aime ce Romain, alors qu'elle est vouée à la religion, et donc à la chasteté. 

On est surpris par la tournure de la musique, cette intro animée et rythmée.

"Pas très dans l'ambiance" dirait le néophyte. Il faut chercher au fond de soi...  Quand on aime, et qu'on a pas le droit d'aimer, on est constamment tiraillé entre l'ivresse, les palpitations, le bonheur (très bien retranscrit par cette introduction) et par la culpabilité, la peur, le désespoir ici le thème principal de la voix, entrecoupée par ce "a tempo" de l'introduction et ses palpitations qui reviennent. Du génie !

Bellini savait exactement ce qu'Adalgisa pouvait ressentir !

Trois interprétations à vous faire écouter, toutes différentes, 2 bonnes et 1 hum...
(Je le répète, c'est en comparant qu'on fait progresser son oreille !)

1 - Ma référence : Fiorenza Cossotto, en Adalgisa (dans cette version, c'est Montserrat Cabbale qui chante Norma, un CD culte à avoir absolument). Une voix à la technique parfaite, ronde, très chaude, et sans limite. Dans sa langue natale, Fiorenza exprime parfaitement la puissance des mots. Une excellente référence de rigueur pour travailler le morceau.

2 - Shirley Verrett : rien à avoir, Verrett ça ne s'analyse, ça se savoure. C'est du rêve, c'est livre, ça monte dans le ciel, ça nous détache du sol. Ici, c'est la sensibilité pure, l'interprétation, l'envolée. Ecouter ce que Verrett fait, apporte un plus dans la finesse d'interprétation.

3 - Marilyn Horne, dont j'aime beaucoup beaucoup la voix, mais dont je déplore pas mal l'interprétation trop bling bling "jexposecequejesaisfaireavecmavoixenmefichantunpeudesintentionsducompositeuretdusentimentvrai". Oui Horne en fait toujours 3 tonnes. Certains adorent entendre ça, moi, le pain + la couche de beurre + le nutella + la crème chantilly + la pincée de cannelle, je trouve ça lourd.


Les voici, et dessous la traduction française, bonne écoute !
Vous pouvez trouver le livret en français ici

1- Fiorenza Cossotto :



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2- Shirley Verrett :



*******
3- Marilyn Horne :



*******

La forêt sacrée est déserte
Accompli est le rite.
Cachée de tous je peux enfin souperer
Ici, là où je le vis la première fois,
ce fatal Romain,
Qui me rend rebelle au temple, au Dieu

Fût-ce le dernière fois au moins ! Désir vain !
Une force irrésistible me traîne ici,
Et de cher aspect mon coeur se nourrit, et de sa chère voix...
Le souffle du vent me répète le son.

De grâce ! protège-moi, Ô Dieu !
Je suis perdue
Grand Dieu, aie pitié, je suis perdue.

---


Sgombra è la sacra selva,

Compiuto il rito.

Sospirar non vista alfin poss'io,

Qui … dove a me s'offerse

La prima volta quel fatal Romano,

Che mi rende rubella
Al tempio, al Dio …

Fosse l'ultima almen!
Vano desio!

Irresistibil forza qui mi trascina,

E di quel caro aspetto
Il cor si pasce,

E di sua cara voce

L'aura che spira mi ripete il suono.

Deh! Proteggimi, o Dio!

Perduta io son!

Gran Dio, abbi pietà,
Perduta io son!