vendredi 18 janvier 2013

Sgombra è la sacra selva de Bellini

Aujourd'hui, j'aimerais partager et écouter avec vous un récitatif extrait de Norma (opéra de Bellini) :


"sgombra è la sacra selva"

Il ne se fait pas forcément remarquer dans l'oeuvre au premier abord, pourtant c'est un morceau très riche en beauté, en expression vocale comme orchestrale.

Adalgisa est dans les bois, seule, elle a peur car elle aime ce Romain, alors qu'elle est vouée à la religion, et donc à la chasteté. 

On est surpris par la tournure de la musique, cette intro animée et rythmée.

"Pas très dans l'ambiance" dirait le néophyte. Il faut chercher au fond de soi...  Quand on aime, et qu'on a pas le droit d'aimer, on est constamment tiraillé entre l'ivresse, les palpitations, le bonheur (très bien retranscrit par cette introduction) et par la culpabilité, la peur, le désespoir ici le thème principal de la voix, entrecoupée par ce "a tempo" de l'introduction et ses palpitations qui reviennent. Du génie !

Bellini savait exactement ce qu'Adalgisa pouvait ressentir !

Trois interprétations à vous faire écouter, toutes différentes, 2 bonnes et 1 hum...
(Je le répète, c'est en comparant qu'on fait progresser son oreille !)

1 - Ma référence : Fiorenza Cossotto, en Adalgisa (dans cette version, c'est Montserrat Cabbale qui chante Norma, un CD culte à avoir absolument). Une voix à la technique parfaite, ronde, très chaude, et sans limite. Dans sa langue natale, Fiorenza exprime parfaitement la puissance des mots. Une excellente référence de rigueur pour travailler le morceau.

2 - Shirley Verrett : rien à avoir, Verrett ça ne s'analyse, ça se savoure. C'est du rêve, c'est livre, ça monte dans le ciel, ça nous détache du sol. Ici, c'est la sensibilité pure, l'interprétation, l'envolée. Ecouter ce que Verrett fait, apporte un plus dans la finesse d'interprétation.

3 - Marilyn Horne, dont j'aime beaucoup beaucoup la voix, mais dont je déplore pas mal l'interprétation trop bling bling "jexposecequejesaisfaireavecmavoixenmefichantunpeudesintentionsducompositeuretdusentimentvrai". Oui Horne en fait toujours 3 tonnes. Certains adorent entendre ça, moi, le pain + la couche de beurre + le nutella + la crème chantilly + la pincée de cannelle, je trouve ça lourd.


Les voici, et dessous la traduction française, bonne écoute !
Vous pouvez trouver le livret en français ici

1- Fiorenza Cossotto :



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2- Shirley Verrett :



*******
3- Marilyn Horne :



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La forêt sacrée est déserte
Accompli est le rite.
Cachée de tous je peux enfin souperer
Ici, là où je le vis la première fois,
ce fatal Romain,
Qui me rend rebelle au temple, au Dieu

Fût-ce le dernière fois au moins ! Désir vain !
Une force irrésistible me traîne ici,
Et de cher aspect mon coeur se nourrit, et de sa chère voix...
Le souffle du vent me répète le son.

De grâce ! protège-moi, Ô Dieu !
Je suis perdue
Grand Dieu, aie pitié, je suis perdue.

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Sgombra è la sacra selva,

Compiuto il rito.

Sospirar non vista alfin poss'io,

Qui … dove a me s'offerse

La prima volta quel fatal Romano,

Che mi rende rubella
Al tempio, al Dio …

Fosse l'ultima almen!
Vano desio!

Irresistibil forza qui mi trascina,

E di quel caro aspetto
Il cor si pasce,

E di sua cara voce

L'aura che spira mi ripete il suono.

Deh! Proteggimi, o Dio!

Perduta io son!

Gran Dio, abbi pietà,
Perduta io son!