lundi 30 juillet 2012

Bye Bye Roberto Alagna

La presse l'attendait au tournant, elle lui tombe dessus dès la première soirée de Turandot à Orange...

>> Le Figaro : Roberto Alagna vaincu par Turandot
>> Le Point : Un "si" de trop
>> Nouvel Observateur : Alagna retrouvera t'il sa voix pour France 3

Franco-sicilien, belle gueule, assurance, autobiographie à 44 ans, prestance, un poulain parfait pour l'opéra français, qui trouve là le parfait marketing-man qui rapporte. La blague.



Roberto Alagna vient de passer ces dernières années à hurler, rouge comme une baudruche. Tout ceux qui avaient conscience de ça, tout ceux qui s'y connaissent en technique vocale correcte, le savaient : un jour, ça allait arriver, trop tôt.

Pavarotti de son vivant, l'avait prévenu de ne pas accepter trop vite des rôles trop lourds pour lui.
"Je sais ce que je fais." Et voilà. La destinée fatale des chanteurs de nos jours... On les pompe, ils ont la grosse tête, ils prennent, ils forcent, ils jouissent d'un Star System qui s'éloigne de la valeur réelle du grand chanteur, puis un jour ça claque. Et on les enterre. Comme Nathalie Dessay... qui a annoncé qu'elle allait passer à autre chose, école de clown et yoga... ? Oui, après avoir tiré de la mauvaise façon sur sa petite voix, pour impressionner la terre pendant 4 ans, puis développer des nodules sur les cordes vocales, se faire opérer etc...

On lit sur Wiki ;

"Mais en ce qui concerne réellement sa technique vocale hormis l'enseignement de Mr Ruiz, cela reste un peu dans le flou, peut être volontairement, étant donné que sa façon de chanter est quasi identique "techniquement" à celle de Luciano Pavarotti avec certes une couleur et une hauteur de voix différente."

Really? Vous avez déjà vu Pavarotti forcer sur scène? Devenir tout rouge avec veines du cou qui ressortent?  Pavarotti c'est léger, solide, illimité, aérien, posé. Alagna c'est forcé, lourd, agressif.

Dès le fiasco, Alagna se justifie sur son site :

Mes Chers Amis,

Depuis quelques jours je sens les passions se déchainer autour de ma prise de rôle de Turandot. Je tenais d'abord à remercier tous ceux qui me soutiennent dans cette aventure et à rassurer aussi toutes les "Cassandre" qui prédisent depuis des années ma fin avec une violence incompréhensible.
Je pense qu'il ne faut jamais répondre à la violence et je crois qu'on devrait avoir la dignité de se taire lorsqu'on ne sait pas. Ayant subi un lourd traitement aux antibiotiques pendant plus d'un mois en raison de pose d'implants dentaires en mode accéléré vu mon planning, j'ai développé une mycose à partir de la base de la langue jusqu'au tube digestif. Les cordes vocales sont saines mais elles subissent l'effet de cette mycose qui, en sécrétant, empêche les cordes de vibrer correctement. Je suis actuellement sous traitement "Fungizone" pour 12 jours (comme un bébé ayant du muguet !). Dans ces conditions, vous pouvez imaginer la difficulté d'une telle prise de rôle aux Chorégies d'Orange. Je n'ai pas voulu annuler car je tenais absolument à vous faire plaisir et à me faire plaisir.
Le rôle est lourd, c'est vrai, mais je peux vous assurer que je m'y sens curieusement plutôt à l'aise. J'espère avoir un jour la possibilité de l'interpréter au top de ma forme. Comme vous le savez, je suis quelqu'un qui ne baisse pas facilement les bras et mon intégrité d'artiste m'oblige souvent à repousser mes limites au maximum. Comme hier soir où je voulais être remplacé après le 2ème acte, hélas, il n'y avait personne pour cela. Le spectacle aurait pû être interrompu sans remboursement du public puisque le 1er acte était passé, et tous les artistes ainsi que moi-même rémunérés.
J'ai continué pour vous et je pense que montrer aussi des moments de faiblesse est parfois un grand et vrai moment de théâtre.
J'espère pouvoir récupérer pour la dernière représentation....
Je vous embrasse,
Roberto

Blablabla, certes, mais... M. Alagna, vous étiez au courant de la condition de votre gorge et des risques, et oui "nous imaginons la difficulté d"une telle prise de rôle", mais le "je n'ai pas voulu annuler car je tenais absolument à vous faire plaisir" , nous n'allons pas gober celle-ci... M. Alagna, on monte sur scène pour faire honneur à un compositeur et être digne d'un rôle. On monte sur scène pour la magnifier, y apporter sa touche d'âme. Ceci vis-à-vis de la musique...

Mais vis-à-vis d'un public, qu'on aime et qu'on respecte, on monte sur scène pour les combler et les surprendre toujours.
Pensez-vous vraiment que vos aléas personnels justifient un fiasco scénique. Ce n'est pas digne d'un grand, M. Alagna. Un grand sait gérer sa voix, son planning, ses montées sur scène.

Il est absolument intolérable de monter sur scène sachant qu'on risque de ne pas assurer. Ceci fait la différence entre un grand chanteur et un produit marketing.

De plus M. Alagna, vous traitez de Cassandre les personnes qui vous attendait au tournant. Comment expliquez-vous que ces gens savaient ce qui allait vous arriver un jour ou l'autre? Je ne vous souhaite que la sagesse de retourner dans le bon chemin, loin de l'orgueil et des contrats de vache à lait.

Oui nous sommes durs, et c'est en l'étant que le métier incroyable de chanteur d'opéra peut rester d'une exigence et d'une excellence absolue.